René Berthiaume, Ph. D. (lettres)
Formateur en communication écrite
Président du Centre de perfectionnement en français écrit

mercredi 27 juin 2012

Enrichissez votre palette de couleurs



Tout le monde connaît les couleurs dites primaires (rouge, bleu, jaune) et les couleurs obtenues par mélange (comme le violet, composé de bleu et de rouge).

En revanche, rares sont les personnes qui arrivent à exprimer la gamme infinie des nuances, c'est-à-dire des degrés d'une même couleur. Par exemple, les noms amarante, bordeaux et rubis désignent des nuances de rouge, chamois et jonquille désignent des nuances de jaune, etc.

Pour nommer les couleurs et leurs nuances, on emploie non seulement des adjectifs (noir, brun, jaune), mais également de très nombreux noms de plantes ou de fruits (pervenche, citron), d'animaux (chamois), de minéraux (turquoise) ou d'autres éléments (rouille).

Comment enrichir votre palette de couleurs? En vous servant du Petit Robert, par exemple. Ouvrez-le à l'adjectif vert. Vous serez étonné du nombre de nuances que vous y trouverez.

Quand il s'agit d'accorder correctement tous ces noms et adjectifs, certains voient rouge.



Dans ce billet, je ne parlerai que de deux cas.

Adjectif de couleur (bleu, vert, rouge, blond, etc.) : accord en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. Des yeux bleus, des cheveux blonds.

Nom commun évoquant la couleur d'une chose (noisette, orange, marron, aubergine, etc.) : invariable. Des yeux noisette (de la couleur d'une noisette), des tissus aubergine (de la couleur d'une aubergine).

Sept mots font exception : rose, mauve, pourpre, écarlate, fauve, incarnat et vermeil. Lorsque ces sept mots sont utilisés comme adjectifs de couleur, ils s'accordent en genre et en nombre avec le nom auquel ils se rapportent. Lorsque j'offre des fleurs à ma bien-aimée, ses joues deviennent roses ou vermeilles, selon les circonstances!

Parmi les sept exceptions, fauve est particulièrement intéressant. Avez-vous déjà essayé de dompter un fauve comme celui-ci?


Fauve peut également être adjectif de couleur (d'un jaune tirant sur le roux) : crinière fauve, prunelles fauves, lueur fauve, etc.

À vous de jouer! Mettez vos connaissances à l'épreuve.

jeudi 21 juin 2012

Des chevals ou des chevaux?



« Dans le zoo, les chevals alezans attiraient beaucoup plus l'attention que les orignaux et les marsupiaux. »

À votre avis, combien d'erreurs y a-t-il dans cette phrase? Une seule! Le pluriel chevals est incorrect. Vous aurez beau vérifier dans votre dictionnaire préféré, dans le Multidictionnaire de la langue française (de Marie-Éva de Villers) ou dans le Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée (de Chantal Contant), vous ne trouverez nulle part la graphie chevals. La seule graphie attestée est chevaux.

Pour les sceptiques, voici ce qu'en dit l'Office de la langue française :

« Le pluriel de cheval est chevaux, comme celui de journal est journaux et celui d'animal, animaux. Cheval avec un s n'est pas le nouveau pluriel de ce mot.  » (Banque de dépannage linguistique)

Petite précision : il n'est pas question du pluriel des mots en -al dans la réforme de l'orthographe.

« L'origine la plus probable de cette rumeur serait associée à une épreuve de français écrit du ministère de l'Éducation du Québec, lors de laquelle les candidats devaient rédiger une dissertation à partir d'un texte de Michel Garneau intitulé Les petits chevals amoureux. » (Portail linguistique du Canada)

Appelons cela une licence poétique!

À l'avenir, si la moutarde vous monte au nez, vous pourrez continuer à monter sur vos grands... chevaux.

À vous de jouer! Voici d'autres mots en -al qui donnent du fil à retordre. Des résultats finals ou finaux?

mercredi 13 juin 2012

Apporter ou emporter? Amener ou emmener?



Pourquoi lit-on « Apportez votre vin » à l'entrée d'un restaurant alors qu'il est écrit « Pizza pour emporter » dans le menu du restaurant voisin?

En choisissant le verbe emporter, on met l'accent sur le point de départ, c'est-à-dire la pizzeria (ou pizzéria). Avec apporter, on a plutôt en tête le lieu d'arrivée, c'est-à-dire le restaurant où l'on se présente avec sa bouteille de vin sous le bras.

Avec la forme pronominale s'emporter, on voit très bien le lien entre emporter et sortir. Quand je m'emporte, je sors de mes gonds!

Il en va de même pour les verbes amener et emmener, que l'on emploie principalement en parlant de personnes : « Je vous amènerai mes enfants ce soir. » Dans cette dernière phrase, on met l'accent sur le lieu d'arrivée. Autre exemple : « J'étouffe dans la maison, emmène-moi faire une promenade. » Cette fois, on a en tête le lieu de départ.

À vous de jouer!