René Berthiaume, Ph. D. (lettres)
Formateur en communication écrite
Président du Centre de perfectionnement en français écrit

mardi 29 mai 2012

Les mots voyagent


Quand vous vous exprimez dans votre langue, vous cherchez d'abord et avant tout à communiquer. Vous ne vous demandez pas à tout bout de champ d'où vient tel ou tel mot. Par exemple, quand vous commandez une choucroute au restaurant, il ne vous vient pas à l'esprit de vérifier si ce mot est bien d'origine allemande (sauerkraut : herbe sure, aigre).

Je vous propose aujourd'hui une brève remontée aux origines de notre langue. Certaines étapes du voyage en surprendront sans doute plusieurs.

Le fonds primitif du français se compose surtout de mots du latin vulgaire (comme testa, qui a donné tête) et de mots gaulois (comme bruco, qui a donné bruyère). Au Moyen-Âge, le français a emprunté au latin classique, grâce aux clercs, aux lettrés et aux savants, les éléments d'un vocabulaire religieux (paradis, résurrection, etc.), philosophique (idée, matière, etc.) et surtout scientifique (améthyste, équinoxe, occident, etc.). Quant au grec, il a fourni de nombreuses racines : poly-, démo-, télé-, hydro-, etc.

Cela dit, saviez-vous que le français compte une quantité impressionnante de mots empruntés aux langues étrangères? De là à dire que nous sommes polyglottes sans le savoir, il n'y a qu'un pas.

De l'arabe nous sont venus dès le septième siècle des dizaines de mots se rapportant surtout au commerce et à la science : algorithme, zénith, azimut, moka, etc.

Entre le quatorzième et le dix-huitième siècles, tout le commerce du nord de l'Europe passait par la Hollande. Voilà pourquoi plusieurs mots relatifs à la navigation et aux manoeuvres nous viennent du néerlandais : havre, haler, amarrer, quille, beaupré, sans oublier bâbord et tribord, etc.

Quant aux Allemands, ils nous ont surtout transmis, à partir du seizième siècle, des termes militaires : brèche, butin, arquebuse, sabre, etc.

À partir de la découverte de l'Amérique, en 1492, l'Espagne et le Portugal ont enrichi le français de plusieurs mots exotiques : savane, hamac, canari, chocolat, vanille, etc.

Au seizième siècle, les emprunts à l'italien ont envahi le français dans tous les domaines : riz, porcelaine, perle, balcon, galerie, trafic, etc.

Vers 1650, l'influence de l'anglais a commencé à se faire sentir. Des mots comme paletot, pingouin et comité font tellement partie de notre vocabulaire qu'on a du mal à croire qu'ils sont issus de l'anglais.


lundi 14 mai 2012

Les cracks en orthographe connaissent-ils leur langue ?



Vous avez sûrement entendu parler de la défunte Dictée des Amériques, qui a pris pendant 16 ans le relais du Championnat du monde d’orthographe et des Dicos d’or. Ces compétitions hautement médiatisées ont suscité, dans toute la francophonie, un formidable engouement pour l’écriture correcte de notre langue. 

Il existe encore des championnats d'orthographe, notamment en Belgique et en Suisse.

Orthographier correctement les mots pomiculture (un seul m), bayer (dans bayer aux corneilles), rastaquouère, affûtiaux ou gymkhana, accorder correctement les participes passés des verbes pronominaux, placer les traits d’union aux bons endroits, c’est bien et c'est même important. Il ne faudrait toutefois pas oublier une vérité toute simple : la langue française n’est pas qu’un tissu d’embûches orthographiques ou grammaticales, elle est avant tout un moyen d’expression et de communication. Or, quiconque aspire à bien s’exprimer dans sa langue doit commencer par en apprendre le vocabulaire et les structures syntaxiques.

Je ne soulignerai ici que l’importance d’enrichir son vocabulaire. À quoi bon maîtriser l’orthographe si on a de la difficulté à désigner un être ou un objet, à exprimer une sensation ou une idée ? Il y a sans doute bien des cracks en orthographe qui seraient embêtés si on leur demandait de distinguer une chambre forte d’une voûte, une prolongation d’un prolongement, un dépliant publicitaire d’un pamphlet, un paria d’un clochard, un lunatique d’un mythomane.

L’orthographe, on en suit les règles ou on en récite les bizarreries. Le vocabulaire, comme le monde, on n’a jamais fini de le découvrir.

À quand des championnats du monde de vocabulaire ?



vendredi 11 mai 2012

Écrire correctement n'est pas toujours aussi sorcier qu'on le croit

Saviez-vous qu’avec un peu de logique et de jugeote, il est possible d’éviter plusieurs erreurs courantes sans se référer à tout bout de champ à son dictionnaire ou à sa grammaire ?

Par exemple, l’adjectif ex(h)orbitant prend-il un h entre le x et le o ? Exorbitant ou exhorbitant ? Les cendres de Napoléon ont-elles été exumées ou exhumées ? Avez-vous les yeux exorbités ou exhorbités ?
Les réponses se trouvent dans la capsule ci-dessous. Vous verrez, il n’y a rien de plus agréable que de comprendre le pourquoi des réponses.