René Berthiaume, Ph. D. (lettres)
Formateur en communication écrite
Président du Centre de perfectionnement en français écrit

mercredi 19 décembre 2012

En forme pour une révision?



J'en suis déjà à mon vingt et unième billet. L'entreprise commencée le 11 mai 2012 se poursuivra longtemps, je vous le promets! Vous n'avez pas fini de recevoir mes billets linguistiques, accompagnés de jeux-questionnaires. N'est-ce pas une belle façon de maintenir le contact?

À l'approche du temps des fêtes, il me semble que le moment est bien choisi pour une révision du contenu des vingt premiers billets. Repassez votre matière et répondez aux dix questions suivantes. Je m'engage à dévoiler les noms des personnes qui ne commettront aucune erreur.

Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

mercredi 5 décembre 2012

Autobus plein ou pleine?



Pour savoir si un mot est masculin ou féminin, on peut ajouter avant ou après ce mot un adjectif ou un pronom possessif. Ça fonctionne au moins une fois sur deux!

Par exemple, l'incendie qui a ravagé la fin de semaine dernière un commerce de livraison de mazout dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve a été destructeur (et non destructrice). Incendie est un nom masculin.

Votre opinion est meilleure que la mienne (et non que le mien). Opinion est un nom féminin.

Le cerveau contient deux hémisphères : le gauche et le droit (et non la droite). Hémisphère est un nom masculin.

Le dernier hiver n'a pas été rigoureux (et non rigoureuse). Hiver est un nom masculin. Oubliez la belle hiver et profitez du bel hiver!

Cela dit, combien de personnes croient dur comme fer que l'autobus est pleine alors qu'il est plein? Autobus, autocar, tramway et trolleybus sont tous des noms masculins.

Attention au mot espace, qui est masculin (un espace vacant)... sauf en typographie : une espace fine.

Compliqué, tout cela? Consolez-vous à l'idée qu'en allemand, il existe trois genres : le masculin, le féminin et le neutre!

À vous de jouer! Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

mardi 20 novembre 2012

Le français, langue unique en son... genre



Est-il vrai que le nom masculin amour devient féminin au pluriel?

Au singulier, amour est masculin : un grand amour. Au pluriel, c'est un peu compliqué. Voyons ce que dit la Banque de dépannage linguistique de l'Office de la langue française :

« Au pluriel, amour, en règle générale, est aussi masculin. Le féminin reste toutefois vivant dans la langue soutenue et littéraire au sens de passion ou de sentiment amoureux. »

Quelle différence entre les amours fous et les folles amours? Une simple affaire de niveau de langue. Pour ma part, il me semble que les amours sont plus intenses quand elles sont folles!

Il n'est pas toujours facile de déterminer si un mot est masculin ou féminin. Voulez-vous des règles? Les noms qui se terminent en -oir sont masculins : accoudoir, couloir, perchoir, etc. Aucune exception!

Les noms qui se terminent en -sion sont féminins : admission, excursion, profession. Il en va de même pour ceux qui se terminent en -tion (action, génération, plantation), mais il y a une exception : bastion!

Masculin ou féminin? Vous voulez un petit truc qui vous aidera à vérifier le genre d'un nom? La réponse dans mon prochain billet. Pour l'instant, je vous invite à jouer le jeu!



mardi 13 novembre 2012

Barack Obama réélu



Au lendemain de la victoire de Barack Obama, plusieurs chefs d'État l'ont-ils félicité de sa réélection? L'ont-ils plutôt félicité pour sa réélection? Les deux réponses sont correctes! Même chose pour le verbe remercier : Barack Obama a remercié les bénévoles de (ou bien pour) leur travail acharné.

Dans bien des cas, le choix de la préposition obéit à une logique rigoureuse, voire imparable. On plonge dans l'eau. un souvenir est gravé dans la mémoire, on lutte pour la liberté mais contre l'injustice, etc.

Cela dit, pourquoi diable une maison est-elle située dans la rue St-Denis alors que telle autre maison est située sur le boulevard Henri-Bourassa? Une rue est-elle plus encaissée qu'un boulevard? Bel exemple de bizarrerie syntaxique.

Pourquoi se souvient-on de quelque chose ou de quelqu'un alors qu'on se rappelle quelque chose ou quelqu'un? Par exemple, je me rappelle très bien mes professeurs de linguistique (et non de mes professeurs de linguistique). Les grammairiens vous diront que rappeler est dérivé du verbe appeler, qui est dans la plupart des cas transitif direct.

Par ailleurs, je trouve logique qu'on soit assis sur une chaise mais dans un fauteuil. Avez-vous déjà essayé de vous caler dans une chaise?

En forme pour un autre jeu-questionnaire? Comme d'habitude, vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

vendredi 2 novembre 2012

Crise à l'hôtel de ville de Montréal



Récemment, le maire Gérald Tremblay était excédé par les questions des journalistes portant sur les révélations faites par certains témoins devant la commission Charbonneau.

Le maire Tremblay était-il furieux contre ou après les journalistes? Il avait peut-être envie de crier après eux (ou contre eux), mais il était furieux contre eux.

Quelle préposition utiliser après un adjectif ou un verbe? Si vous voulez être certain de votre choix, ne courez pas après votre ami linguiste, courez plutôt chez votre libraire préféré et procurez-vous le merveilleux ouvrage de Françoise Bulman intitulé Le prépositionnaire.

On vit d'amour et d'eau fraîche, mais on vit sur ses économies.

On est féru d'astronomie (et non féru en astronomie). En revanche, on est calé en astronomie.

On compte sur quelqu'un, mais on se fie à quelqu'un.

Existe-t-il des règles dans ce domaine? La réponse dans mon prochain billet.

Envie de vous faire la main? Comme d'habitude, je vous ai préparé un petit jeu-questionnaire. Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

mardi 23 octobre 2012

Les quatre cents coups




Vous demandez-vous parfois comment accorder vingt, cent et mille?

Quand j'étais jeune, il m'est arrivé de faire quelques frasques. De là à dire que j'ai fait les quatre cents coups...

L'été dernier, je suis allé me promener dans les Alpes italiennes et j'ai prêté cent vingt euros à un ami. Il ne m'en a remboursé que quatre-vingts.

Enfin, si le capitaine Haddock avait crié, au début de sa longue phrase pour le moins exclamative, « Dix mille millions » au lieu de « Mille millions », mille aurait-il pris un s?

Commençons par les adjectifs numéraux cardinaux, c'est-à-dire ceux qui expriment une quantité. Les seuls adjectifs numéraux cardinaux qui prennent parfois la marque du pluriel sont vingt et cent. Il faut qu'ils soient multipliés et placés à la fin d'un adjectif numéral composé : quatre-vingts personnes, cinq cents personnes.

Dans quatre-vingt-dix personnes, vingt ne prend pas de s parce qu'il n'est pas placé à la fin de l'adjectif numéral composé.

Dans cent vingt personnes, vingt ne prend pas de s parce qu'il n'est pas multiplié. N'est-ce pas logique?

Quand vingt et cent sont employés avec une valeur ordinale (au sens de vingtième ou centième), ils sont invariables : la page quatre-vingt du manuel (la quatre-vingtième page du manuel).

Mille, adjectif numéral, est invariable. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Ne pas confondre avec le substantif mille (unité de mesure) : j'ai parcouru dix mille milles à vélo.

Quant à million et milliard, ce sont des noms. Ils s'accordent au pluriel et n'empêchent pas l'accord de vingt et de cent : quatre-vingts millions de dollars, deux cents milliards d'étoiles.

Petite remarque à propos du trait d'union : on le met entre les éléments qui sont l'un et l'autre inférieurs à cent, sauf s'ils sont joints par et : quatre-vingt-dix-neuf personnes, trente et une personnes, cent dix personnes, cent quatre-vingts personnes. Je m'empresse toutefois d'ajouter que selon la nouvelle orthographe, tous les numéraux composés sont systématiquement reliés par des traits d'union, même lorsqu'ils sont unis par et.

Êtes-vous prêts pour un petit exercice? Comme d'habitude, vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

Si le coeur vous en dit, écrivez-moi un petit mot dans la zone Commentaires, juste après le jeu-questionnaire.



vendredi 12 octobre 2012

Légal, juridique ou judiciaire?



André St-Just est conseiller juridique dans une entreprise manufacturière. Vous ne serez pas étonnés d'apprendre qu'il n'a pas de casier judiciaire. À l'heure de pointe, il est horrifié chaque fois qu'il aperçoit un automobiliste texter au volant. « Ce n'est pas légal », se dit-il dans son for intérieur.

Petite précision : le verbe texter n'est pas encore dans les dictionnaires usuels, mais on le trouve dans le Grand dictionnaire terminologique de l'Office de la langue française.

Vous le voyez, les adjectifs juridique, judiciaire et légal ne sont pas synonymes. Commençons par quelques définitions :

Légal : conforme à la loi ou prescrit par la loi. Dans plusieurs contextes, légal est l'antonyme d'illégal. Vous connaissez peut-être cette citation de Georges Courteline : « C'est étrange que certains commettent des délits quand il y a tellement de façons parfaitement légales d'être malhonnête. »

Juridique : relatif au droit et à l'exercice de la profession d'avocat. Aide juridique, conseiller juridique (et non aviseur légal), secrétaire juridique (et non secrétaire légale). Tout le monde devrait connaître (plus ou moins!) les textes juridiques.

Judiciaire : relatif aux tribunaux, à la justice. Si on n'enfreint pas la loi, on n'aura pas affaire au monde judiciaire, on n'aura pas de comptes à rendre devant la justice.

En résumé, légal se rapporte à la loi, juridique se rapporte au droit et judiciaire se rapporte à la justice.

Comme d'habitude, je vous ai préparé un petit jeu-questionnaire. Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

lundi 1 octobre 2012

Osez-vous écrire?



Au bureau, si on n'ose pas écrire, c'est souvent parce qu'on craint de commettre des erreurs et de mal paraître. Certaines personnes peuvent se relire dix fois avant d'envoyer une note de deux lignes. Solution facile : demander à un crack en rédaction de réviser ses textes. Toutefois, le crack n'est pas toujours disponible!

Voilà le sujet du texte suivant, qui vous fera peut-être sourire. Je parie même que certains d'entre vous seront tentés de s'identifier à M. L'Heureux ou à M. Boileau.

Profitons-en pour faire un petit exercice. Amusez-vous à trouver les cinq fautes d'orthographe... que j'ai volontairement commises. Je vous encourage à vous servir de votre dictionnaire préféré. C'est d'ailleurs l'une des façons de vaincre sa peur d'écrire!
M. L'Heureux et M. Boileau occupent des bureaux contigüs au siège social d'une importante acierie. M. L'Heureux demande à intervalles réguliers à M. Boileau de reviser ses rapports. Tout le monde sait que M. Boileau connaît à fond toutes les subtilités de la langue française. 
Certes, M. L'Heureux pourrait s'efforcer de relire ses textes en se servant de ses ouvrages de référence, mais il n'y est pas enclin. C'est tellement plus rapide de faire appel au gentil M. Boileau, qui répond avec une charmante bonhomie à toutes les questions. 
M. Boileau acquiesse immanquablement aux demandes de M. L'Heureux et de ses autres collègues. Toutefois, depuis quelque temps, il est moins accommodant. Il se sent même irascible. Il a l'impression qu'un véritable essaim d'écoliers bourdonne autour de lui, à l'affût de ses conseils. 
En fait, M. Boileau se demande quand viendra le jour où ses collègues retrousseront leurs manches et prendront les moyens de devenir autonomes. « C'est là que le bat blesse », se plaît-il à répéter. 
Vous pourrez prendre connaissance des réponses après avoir cliqué sur Envoyer.



mercredi 19 septembre 2012

Un nouveau gouvernement à Québec. Que va-t-il rencontrer?



À Québec, le nouveau gouvernement dirigé par Pauline Marois pourra-t-il rencontrer ou atteindre ses objectifs? Rencontrera-t-il une vive opposition?

Le verbe rencontrer est apprêté à toutes les sauces. On peut rencontrer n'importe qui, mais pas n'importe quoi! Méfiez-vous des calques du verbe anglais to meet.

Commençons par un petit jeu-questionnaire. Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer. N'oubliez pas de lire la suite du billet (juste après le jeu-questionnaire).



On peut donc rencontrer une vive opposition ou des difficultés, mais pas une échéance, des besoins, des exigences, etc.

Voici les verbes qui doivent accompagner les six autres noms du jeu-questionnaire.

Échéance
On respecte une échéance.

Besoins
On satisfait à des besoins ou bien on répond à des besoins.

Exigences
On se conforme à des exigences ou bien on satisfait à des exigences.

Dépenses
On fait face à des dépenses.

Engagement
On tient un engagement ou bien on respecte un engagement.

Objectif
On atteint un objectif. 

jeudi 13 septembre 2012

Les fous de Bassan sont-ils devenus barjos?



Reprenons les homophones de la semaine dernière et jetons un regard sur l'actualité.

Censé et sensé
À l'île Bonaventure, les fous de Bassan ne sont pas censés (supposés) abandonner leurs poussins. C'est pourtant ce qui se produit à l'heure actuelle et j'en suis bien attristé. Sont-ils devenus insensés (cinglés)? Paraît-il que la nidification a été catastrophique cet été. Le phénomène est-il attribuable au réchauffement de l'eau, qui rendrait la quête de nourriture beaucoup plus difficile? Voilà une explication sensée (rationnelle).

Repaire et repère
En juillet dernier, un ancien repaire des Hells Angels  a été rasé à Longueuil. La démolition s'est faite rapidement devant trois policiers de la Sûreté du Québec et quelques curieux.

Repaire : endroit servant de lieu de réunion à des individus dangereux.

Exemples de phrases avec repère (dont vous connaissez certainement la signification) :

« Cette date me sert de repère. »
« Je manque de points de repère. »
« J'ai perdu mes repères. »

Près et prêt
Être près de ses sous et prêt à donner sa chemise, c'est bien différent!
Revenons à l'actualité. Depuis hier, on s'explique mal la hausse soudaine du prix de l'essence, particulièrement dans la région de Montréal. Jusqu'à présent, le gouvernement ne s'est pas montré prêt à fixer un prix plafond. Chose certaine, les automobilistes ne sont pas près de décolérer.

La locution près de exprime une proximité dans le temps ou l'espace :

« La négociation n'est pas près (proche, sur le point) d'aboutir. »

La locution prêt à est plutôt reliée à l'instant présent. Elle signifie disposé à, préparé pour :

« Nous sommes prêts à partir en voyage. »

Vous voulez un truc?

Prêt (adjectif) ne peut jamais être suivi de la préposition de. Prêt + à.
Près (adverbe) ne peut jamais être suivi de la préposition à. Près + de.

Fond et fonds
L'Égypte est en pleine transition postrévolutionnaire. Le 22 août dernier, le pays a demandé au Fonds monétaire international de lui accorder un prêt de plusieurs milliards de dollars.

Par ailleurs, le film controversé L'innocence des musulmans provoque ces jours-ci de multiples manifestations au Moyen-Orient. En toile de fond : l'ascension fulgurante des extrémistes islamistes.

Le fond, c'est la partie la plus profonde ou la plus éloignée de quelque chose : le fond de la salle, le fond du baril, le fond du lac, etc.

Le nom masculin singulier fonds appartient surtout au vocabulaire financier, comme si la consonne finale s représentait le signe de dollar (fond$) : le fonds de roulement, le fonds de commerce, le fonds de retraite, etc.

Détonner et détoner
On met un n lorsqu'il y a explosion. On met deux n quand on n'est pas dans le ton.
On fait détoner (exploser) un mélange gazeux. Le fauteuil détonne (jure) dans le salon.

Vous avez entendu parler du groupe punk russe Pussy Riot? Trois jeunes femmes membres de ce groupe ont été condamnées en août dernier à deux ans de camp pour hooliganisme.

Chose certaine, le groupe Pussy Riot détonne dans le paysage russe.

Voici cinq questions additionnelles sur les homophones. À vous de jouer! Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.










vendredi 7 septembre 2012

Faire bonne chère ou bonne chair?



Un ami parisien, titulaire d'une chaire de droit à la Sorbonne, et son frère curé, moins habitué à faire bonne chère qu'à absoudre ses paroissiens des péchés de la chair, entrent dans un restaurant très cher du faubourg St-Germain. On leur sert un canard rôti qui a bien peu de chair autour des os. Le curé s'exclame : « Cher ami, si j'avais su que nous ferions si maigre chère, je serais resté en haut de ma chaire! »

Cher, chère, chair et chaire sont des homophones lexicaux, c'est-à-dire des mots qui se prononcent de la même manière, mais qui ont une orthographe et une signification distinctes.

Faire bonne chère signifiait autrefois « être accueillant » (du latin cara, « visage »). Faire bonne chère, c'était faire bonne figure. Le sens actuel de « bien manger » n'est apparu qu'au dix-septième siècle.

Voie et voix sont deux autres homophones lexicaux qui causent bien des maux de tête. Perdre la voie, à la chasse, c'est perdre la piste, la trace de l'animal. Le daim revient souvent sur ses voies. Aucun rapport avec un ténor qui perd la voix! 

On règle un litige par voie de négociation, comme s'il s'agissait d'un chemin. Les pourparlers sont en bonne voie. On écoute la voix de la conscience... ou du coeur. On donne sa voix (son vote) à une candidate ou à un candidat aux élections.

À vous de jouer! Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

jeudi 30 août 2012

Le trésor des locutions françaises (suite)


Reprenons les locutions de la semaine dernière. Vous avez droit à des explications!


Faire l'autruche
Vous avez presque tous bien répondu. Faire l'autruche, c'est fermer les yeux afin de ne pas voir le danger.

L'expression est fondée sur une croyance populaire! En réalité, si l'autruche a souvent la tête dans le sable, ce n'est pas pour fuir le danger, c'est tout simplement pour se nourrir ou pour nettoyer son nid.

Être aux abois
Imaginez un cerf épuisé qui s'arrête, terrorisé par les chiens lancés à ses trousses qui le cernent et qui aboient furieusement. La pauvre bête est aux abois, elle est dans une situation désespérée. Aucune issue possible.

Si vous dites d'un commerçant qu'il est aux abois, cela ne signifie pas qu'il est fonceur ou qu'il est prêt à surmonter tous les obstacles. Il est plutôt réduit à la faillite.

Faire long feu
« L'orage a fait long feu. » Est-ce à dire que l'orage a duré longtemps? Détrompez-vous. En fait, il n'y a même pas eu d'orage. De gros nuages noirs ont obscurci le ciel, mais le tonnerre n'a pas retenti et il n'est peut-être tombé que quelques gouttes de pluie.

Si on remonte aux origines de l'expression, c'est un fusil qui fait long feu. La poudre, souvent humide, brûle trop lentement (elle fait long feu) et n'explose pas. Faire long feu, c'est échouer, rater, ne pas produire l'effet désiré.

L'expression ne pas faire long feu est-elle le contraire de faire long feu? Pas vraiment. L'expression ne pas faire long feu est issue d'une métaphore différente, celle d'un feu de paille. Ne pas faire long feu, c'est ne pas durer longtemps. Faire long feu, c'est échouer. On en perd son latin!

Être le bouc émissaire
Le bouc émissaire, c'est la personne sur laquelle on fait retomber les torts des autres. Mais pourquoi un bouc et non un cheval ou un âne? Dans la religion hébraïque, au cours de la fête des expiations, le grand prêtre des Juifs chargeait un bouc de tous les péchés d'Israël et l'envoyait aux confins du désert.

Jeter le bébé avec l'eau du bain
L'expression signifie « rejeter en bloc quelque chose de négatif, sans tenir compte de ses aspects positifs ». Jeter le bébé avec l'eau du bain, c'est ne pas prendre la peine de séparer le bon du mauvais et tout jeter.

Il s'agirait d'un emprunt à l'allemand : « Das Kind mit dem Bad ausschütten. »

En forme pour un autre jeu-questionnaire? Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

jeudi 23 août 2012

Le trésor des locutions françaises


La langue française est riche. Riche en vocabulaire, en tournures de phrases et en nuances stylistiques. Au fil des siècles, elle s'est également enrichie d'innombrables locutions. Il s'agit d'expressions toutes faites, de façons de parler imagées et anciennes (leur origine se perd souvent dans la nuit des temps) que l'usage commun a adoptées.

Si certaines locutions sont très connues (être dans la fleur de l'âge, monter sur ses grands chevaux, discuter à bâtons rompus), d'autres laissent bien des gens perplexes. Enfin, quelques-unes sont employées à tort et à travers.

Prenons la locution veiller au grain, empruntée au vocabulaire maritime et non agricole. Le grain désigne ici un coup de vent subit ou le nuage qui l'annonce. Veiller au grain, ce n'est donc pas être aux aguets au beau milieu de son champ de blé ou empêcher les voleurs de dérober la récolte. Un bon marin doit être constamment sur ses gardes pour pouvoir réagir rapidement si un grain s'abat sur le navire.

À vous de jouer! Mettez vos connaissances à l'épreuve! Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

jeudi 12 juillet 2012

Financier, monétaire et fiscal : trois synonymes?



Ces trois adjectifs, respectivement dérivés de finance, monnaie et fisc, ne sont pas synonymes.

Financier : relatif aux finances, à l'argent. Ex. : produit financier, rapport financier, participation financière, autonomie financière, scandale financier.

Monétaire : relatif à la monnaie d'un pays. Ex. : politique monétaire, système monétaire, zone monétaire. Vous avez sans doute déjà entendu parler du FMI (Fonds monétaire international). Son objectif principal est de veiller à la stabilité du système monétaire international.

Fiscal : qui se rapporte au fisc, à l'impôt. Ex. : évasion fiscale, lois fiscales, paradis fiscal, droit fiscal.

Voici un petit exercice qui vous aidera à bien distinguer ces trois adjectifs souvent confondus. Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.





jeudi 5 juillet 2012

Les grenouilles coassent ou croassent?



Tous les jours, on entend des chats miauler, des hirondelles gazouiller, des moineaux piailler, des pigeons roucouler et des chiens aboyer. Il arrive même à certaines personnes d'aboyer (après ou contre quelqu'un) ou de japper (après quelqu'un).

À la campagne, les moutons bêlent, les abeilles bourdonnent, les hiboux hululent, les chevaux hennissent, les cigales stridulent et les mésanges... zinzinulent. Quelle jolie collection de verbes!

Cela dit, est-ce que les grenouilles coassent ou croassent? Je ne vous répondrai pas tout de suite. Commencez par remplir la grille ci-dessous. Vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.


Les tigres feulent... et ronronnent. Chose curieuse, les tigres ne ronronnent que lors de l'expiration, alors que le léopard ronronne également à l'inspiration.

Eh oui! Les crocodiles pleurent! Avez-vous déjà versé des larmes de crocodile (larmes hypocrites)?

Le paon braille ou criaille. Quand il étale les plumes de sa queue sous la forme d'un éventail, on dit qu'il fait la roue.

Il reste la corneille et la grenouille. Voyons ce qu'en dit l'Office da la langue française (Banque de dépannage linguistique) :

« Coasser signifie pousser son cri, en parlant de la grenouille ou du crapaud. Ce mot est emprunté au latin coaxare, lui-même formé à partir du grec koax, onomatopée du cri de la grenouille.

Croasser signifie pousser son cri, en parlant du corbeau ou de la corneille. Il est dérivé de l'onomatopée kro-.

Notons finalement que le nom coassement désigne le cri de la grenouille et croassement celui du corbeau. »

En forme pour un autre petit jeu? C'est le dernier de la semaine, je vous le promets!

mercredi 27 juin 2012

Enrichissez votre palette de couleurs



Tout le monde connaît les couleurs dites primaires (rouge, bleu, jaune) et les couleurs obtenues par mélange (comme le violet, composé de bleu et de rouge).

En revanche, rares sont les personnes qui arrivent à exprimer la gamme infinie des nuances, c'est-à-dire des degrés d'une même couleur. Par exemple, les noms amarante, bordeaux et rubis désignent des nuances de rouge, chamois et jonquille désignent des nuances de jaune, etc.

Pour nommer les couleurs et leurs nuances, on emploie non seulement des adjectifs (noir, brun, jaune), mais également de très nombreux noms de plantes ou de fruits (pervenche, citron), d'animaux (chamois), de minéraux (turquoise) ou d'autres éléments (rouille).

Comment enrichir votre palette de couleurs? En vous servant du Petit Robert, par exemple. Ouvrez-le à l'adjectif vert. Vous serez étonné du nombre de nuances que vous y trouverez.

Quand il s'agit d'accorder correctement tous ces noms et adjectifs, certains voient rouge.



Dans ce billet, je ne parlerai que de deux cas.

Adjectif de couleur (bleu, vert, rouge, blond, etc.) : accord en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. Des yeux bleus, des cheveux blonds.

Nom commun évoquant la couleur d'une chose (noisette, orange, marron, aubergine, etc.) : invariable. Des yeux noisette (de la couleur d'une noisette), des tissus aubergine (de la couleur d'une aubergine).

Sept mots font exception : rose, mauve, pourpre, écarlate, fauve, incarnat et vermeil. Lorsque ces sept mots sont utilisés comme adjectifs de couleur, ils s'accordent en genre et en nombre avec le nom auquel ils se rapportent. Lorsque j'offre des fleurs à ma bien-aimée, ses joues deviennent roses ou vermeilles, selon les circonstances!

Parmi les sept exceptions, fauve est particulièrement intéressant. Avez-vous déjà essayé de dompter un fauve comme celui-ci?


Fauve peut également être adjectif de couleur (d'un jaune tirant sur le roux) : crinière fauve, prunelles fauves, lueur fauve, etc.

À vous de jouer! Mettez vos connaissances à l'épreuve.

jeudi 21 juin 2012

Des chevals ou des chevaux?



« Dans le zoo, les chevals alezans attiraient beaucoup plus l'attention que les orignaux et les marsupiaux. »

À votre avis, combien d'erreurs y a-t-il dans cette phrase? Une seule! Le pluriel chevals est incorrect. Vous aurez beau vérifier dans votre dictionnaire préféré, dans le Multidictionnaire de la langue française (de Marie-Éva de Villers) ou dans le Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée (de Chantal Contant), vous ne trouverez nulle part la graphie chevals. La seule graphie attestée est chevaux.

Pour les sceptiques, voici ce qu'en dit l'Office de la langue française :

« Le pluriel de cheval est chevaux, comme celui de journal est journaux et celui d'animal, animaux. Cheval avec un s n'est pas le nouveau pluriel de ce mot.  » (Banque de dépannage linguistique)

Petite précision : il n'est pas question du pluriel des mots en -al dans la réforme de l'orthographe.

« L'origine la plus probable de cette rumeur serait associée à une épreuve de français écrit du ministère de l'Éducation du Québec, lors de laquelle les candidats devaient rédiger une dissertation à partir d'un texte de Michel Garneau intitulé Les petits chevals amoureux. » (Portail linguistique du Canada)

Appelons cela une licence poétique!

À l'avenir, si la moutarde vous monte au nez, vous pourrez continuer à monter sur vos grands... chevaux.

À vous de jouer! Voici d'autres mots en -al qui donnent du fil à retordre. Des résultats finals ou finaux?

mercredi 13 juin 2012

Apporter ou emporter? Amener ou emmener?



Pourquoi lit-on « Apportez votre vin » à l'entrée d'un restaurant alors qu'il est écrit « Pizza pour emporter » dans le menu du restaurant voisin?

En choisissant le verbe emporter, on met l'accent sur le point de départ, c'est-à-dire la pizzeria (ou pizzéria). Avec apporter, on a plutôt en tête le lieu d'arrivée, c'est-à-dire le restaurant où l'on se présente avec sa bouteille de vin sous le bras.

Avec la forme pronominale s'emporter, on voit très bien le lien entre emporter et sortir. Quand je m'emporte, je sors de mes gonds!

Il en va de même pour les verbes amener et emmener, que l'on emploie principalement en parlant de personnes : « Je vous amènerai mes enfants ce soir. » Dans cette dernière phrase, on met l'accent sur le lieu d'arrivée. Autre exemple : « J'étouffe dans la maison, emmène-moi faire une promenade. » Cette fois, on a en tête le lieu de départ.

À vous de jouer!

mardi 29 mai 2012

Les mots voyagent


Quand vous vous exprimez dans votre langue, vous cherchez d'abord et avant tout à communiquer. Vous ne vous demandez pas à tout bout de champ d'où vient tel ou tel mot. Par exemple, quand vous commandez une choucroute au restaurant, il ne vous vient pas à l'esprit de vérifier si ce mot est bien d'origine allemande (sauerkraut : herbe sure, aigre).

Je vous propose aujourd'hui une brève remontée aux origines de notre langue. Certaines étapes du voyage en surprendront sans doute plusieurs.

Le fonds primitif du français se compose surtout de mots du latin vulgaire (comme testa, qui a donné tête) et de mots gaulois (comme bruco, qui a donné bruyère). Au Moyen-Âge, le français a emprunté au latin classique, grâce aux clercs, aux lettrés et aux savants, les éléments d'un vocabulaire religieux (paradis, résurrection, etc.), philosophique (idée, matière, etc.) et surtout scientifique (améthyste, équinoxe, occident, etc.). Quant au grec, il a fourni de nombreuses racines : poly-, démo-, télé-, hydro-, etc.

Cela dit, saviez-vous que le français compte une quantité impressionnante de mots empruntés aux langues étrangères? De là à dire que nous sommes polyglottes sans le savoir, il n'y a qu'un pas.

De l'arabe nous sont venus dès le septième siècle des dizaines de mots se rapportant surtout au commerce et à la science : algorithme, zénith, azimut, moka, etc.

Entre le quatorzième et le dix-huitième siècles, tout le commerce du nord de l'Europe passait par la Hollande. Voilà pourquoi plusieurs mots relatifs à la navigation et aux manoeuvres nous viennent du néerlandais : havre, haler, amarrer, quille, beaupré, sans oublier bâbord et tribord, etc.

Quant aux Allemands, ils nous ont surtout transmis, à partir du seizième siècle, des termes militaires : brèche, butin, arquebuse, sabre, etc.

À partir de la découverte de l'Amérique, en 1492, l'Espagne et le Portugal ont enrichi le français de plusieurs mots exotiques : savane, hamac, canari, chocolat, vanille, etc.

Au seizième siècle, les emprunts à l'italien ont envahi le français dans tous les domaines : riz, porcelaine, perle, balcon, galerie, trafic, etc.

Vers 1650, l'influence de l'anglais a commencé à se faire sentir. Des mots comme paletot, pingouin et comité font tellement partie de notre vocabulaire qu'on a du mal à croire qu'ils sont issus de l'anglais.


lundi 14 mai 2012

Les cracks en orthographe connaissent-ils leur langue ?



Vous avez sûrement entendu parler de la défunte Dictée des Amériques, qui a pris pendant 16 ans le relais du Championnat du monde d’orthographe et des Dicos d’or. Ces compétitions hautement médiatisées ont suscité, dans toute la francophonie, un formidable engouement pour l’écriture correcte de notre langue. 

Il existe encore des championnats d'orthographe, notamment en Belgique et en Suisse.

Orthographier correctement les mots pomiculture (un seul m), bayer (dans bayer aux corneilles), rastaquouère, affûtiaux ou gymkhana, accorder correctement les participes passés des verbes pronominaux, placer les traits d’union aux bons endroits, c’est bien et c'est même important. Il ne faudrait toutefois pas oublier une vérité toute simple : la langue française n’est pas qu’un tissu d’embûches orthographiques ou grammaticales, elle est avant tout un moyen d’expression et de communication. Or, quiconque aspire à bien s’exprimer dans sa langue doit commencer par en apprendre le vocabulaire et les structures syntaxiques.

Je ne soulignerai ici que l’importance d’enrichir son vocabulaire. À quoi bon maîtriser l’orthographe si on a de la difficulté à désigner un être ou un objet, à exprimer une sensation ou une idée ? Il y a sans doute bien des cracks en orthographe qui seraient embêtés si on leur demandait de distinguer une chambre forte d’une voûte, une prolongation d’un prolongement, un dépliant publicitaire d’un pamphlet, un paria d’un clochard, un lunatique d’un mythomane.

L’orthographe, on en suit les règles ou on en récite les bizarreries. Le vocabulaire, comme le monde, on n’a jamais fini de le découvrir.

À quand des championnats du monde de vocabulaire ?



vendredi 11 mai 2012

Écrire correctement n'est pas toujours aussi sorcier qu'on le croit

Saviez-vous qu’avec un peu de logique et de jugeote, il est possible d’éviter plusieurs erreurs courantes sans se référer à tout bout de champ à son dictionnaire ou à sa grammaire ?

Par exemple, l’adjectif ex(h)orbitant prend-il un h entre le x et le o ? Exorbitant ou exhorbitant ? Les cendres de Napoléon ont-elles été exumées ou exhumées ? Avez-vous les yeux exorbités ou exhorbités ?
Les réponses se trouvent dans la capsule ci-dessous. Vous verrez, il n’y a rien de plus agréable que de comprendre le pourquoi des réponses.